L’arbre à chat urbain « cat ladder » de Suisse

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Articles du blog arbre à chat design
article publié le 21/06/2025

Bienvenue !
Alors, si on se promène à Berne, par exemple, et qu’on lève un peu les yeux, on peut remarquer des constructions assez curieuses le long des façades, des sortes d’échelles, de rampes. On se demande un peu pour qui c’est fait. C’est assez, oui, surprenant comme première impression. Aujourd’hui, justement, on va explorer ça. Les fameuses échelles à chat, ou cat ladders, comme on dit parfois. C’est un phénomène très suisse, particulièrement visible à Berne. Pour en parler, on s’appuie sur un article de Wanekat, et aussi sur les travaux de Brigitte Schuster, la photographe, et du docteur Dennis C. Turner, un éthologue.
L’objectif, c’est de comprendre un peu pourquoi ces installations existent, ce qu’elles racontent sur la culture en Suisse, et puis la diversité incroyable de leurs formes. On dit même parfois que Berne est la capitale mondiale des cat ladders. Alors, allons-y, explorons ça ! Pour commencer, la raison principale, elle est toute simple. C’est très pratique. Offrir aux chats qui vivent en appartement un moyen d’entrer et sortir tout seul, et en sécurité.
Plus besoin d’attendre que quelqu’un ouvre la porte, quoi.

Tout à fait, c’est l’autonomie.

L’article donne un exemple assez malin. Un chat qui utilise des blocs de bois, puis grimpe sur les boîtes aux lettres, avant d’atteindre une rampe qui mène à sa châtière. C’est ingénieux, non ?

Ah oui, c’est très ingénieux. Et ce besoin de sortir, attention, ce n’est pas juste pour le fun, si on peut dire. Le docteur Turner, qui est une référence sur le comportement des chats, et qui est cité dans nos sources, il insiste sur un point clé. Un chat qui a pris l’habitude de sortir, il ne faut surtout pas le forcer à rester enfermé après.

Ah oui ? Pourquoi ça ?

Parce que le risque de développer des troubles du comportement,
comme de l’anxiété, de l’agressivité ou même de la malpropreté, il est bien réel. C’est une source de stress énorme pour l’animal.

D’accord. Donc un chat qui a goûté à la liberté, le confiner, c’est vraiment problématique.

Exactement, d’après le docteur Turner, un chat peut très bien vivre heureux uniquement à l’intérieur, il y a deux conditions, et elles sont strictes. Premièrement, il ne doit jamais avoir connu l’extérieur avant. Et deuxièmement, son environnement intérieur doit être super stimulant, très enrichi, pour compenser.

Et pour les autres ? Ceux qui sortaient déjà ?

Pour ceux-là, surtout s’ils vivent en immeuble, la solution que préconise le docteur Turner, c’est précisément ça. L’échelle combinée à une chatière. D’ailleurs, il déplore un peu que parfois on refuse ces installations pour des raisons juste esthétiques, alors que beaucoup sont finalement assez discrètes, certaines sont même carrément design. Pour lui, faciliter ce comportement naturel du chat, c’est une marque de respect, de civilisation même.

Et c’est là qu’on touche à cette spécificité suisse, j’imagine. Pourquoi est-ce que c’est si répandu là-bas, plus qu’ailleurs ?

Culturelle forte, le respect de la liberté individuelle, qu’on étend aux animaux, se matérialiser,
physiquement, dans l’architecture de la ville. C’est assez unique.

Une éthique visible dans la pierre, en quelque sorte.

C’est ça, et c’est le résultat de plusieurs facteurs combinés. D’abord, une population de chats, énorme, on parle de 1,6 million. Ensuite, une configuration urbaine qui s’y prête bien, avec des facettes parfois étroites, des balcons, des ruelles plutôt calmes. Et puis, il faut le dire, un certain talent local pour le bricolage, une ingéniosité. Beaucoup de ces échelles existent depuis les années 70, souvent fabriquées par les habitants eux-mêmes.

Pas étonnant, du coup, que le National Geographic ait dit que la Suisse était le meilleur endroit au monde pour un chat domestique. Et toute cette créativité, elle a été superbement documentée par Brigitte Schuster dans son livre « Architecture, Swiss Cat Ladders ». Elle a photographié plus d’une centaine de ces structures. Et ce qui est frappant, c’est que ce ne sont pas des œuvres d’architectes connues. Non, rarement. C’est plutôt le travail d’artisans ou des habitants eux-mêmes. Une sorte de cat-architecture née du besoin. Une architecture vernaculaire, en fait, pensée et construite localement, sans architecte officiel, mais à l’échelle du chat.

Absolument. Et la diversité des formes est juste incroyable. En se basant sur le travail de Schuster, on peut identifier jusqu’à 14 types différents. Ça va de la simple planchette, des tranches de bois inclinées, parfois avec des petites lattes pour agripper, jusqu’à des escaliers en colimaçon très élégants, en bois ou en métal. On voit aussi des marches fixées en spirale autour d’une gouttière. Ou même, de manière très poétique, un tronc d’arbre placé juste comme il faut contre la façade pour servir d’échelle naturelle.

Il y a une vraie inventivité dans les solutions, c’est clair ?

Tout à fait. Et l’esthétique qui en découle est souvent décrite comme involontaire. La priorité, c’est la fonction, la sécurité du chat. Mais le résultat peut être étonnamment beau, intégrer presque une œuvre d’art par endroit. C’est une adaptation de nos codes architecturaux, mais pour les faits lents.

Bien sûr, ça soulève aussi des questions pratiques. J’imagine qu’il faut l’accord du propriétaire si on est locataire.

Ah oui, indispensable. L’accord du bailleur ou de la copropriété est nécessaire.

Et la sécurité, j’imagine, c’est double. Pour le chat qui grimpe, mais aussi pour éviter que n’importe qui, ou n’importe quoi, n’entre par là.

Exactement. La sécurité de l’installation est primordiale. Et puis la discrétion, c’est souvent recherché. Même si, bon, certaines échelles sont assez visibles.

Il y a aussi la question des bâtiments classés, j’imagine.

Oui. Pour les bâtiments protégés, un permis de construire peut être nécessaire. Et pour le contrôle d’accès, la solution moderne, c’est la chatière à puce électronique. Comme ça, seul le chat de la maison, avec sa puce enregistrée, peut entrer. Ça évite les visiteurs indésirables. Comme le chat du voisin.

C’est bien plus que des accès pour animaux. Elle raconte une histoire de cohabitation réfléchie entre humains et chats. Elle montre l’ingéniosité locale. Et elles sont vraiment une facette unique de l’urbanisme et de la culture en Suisse. C’est le bien-être animal qui façonne un peu la ville.

C’est tout à fait ça. Et ça nous amène peut-être à une réflexion un peu plus large, pour conclure. Si on arrive à intégrer de manière si créative les besoins de déplacement des chats dans nos villes, comment pourrait-on mieux penser et intégrer les besoins, les chemins des autres espèces, sauvages ou domestiques, qui partagent nos espaces urbains ? C’est une piste intéressante, non ? Pour imaginer la ville de demain, peut-être un peu plus. Partagez !

1. Berne capitale mondiale de l’arbre à chat urbain ou cat ladders


Berne, un matin d’été : en levant les yeux, le promeneur découvre l’arbre à chat urbain. Un déploiement de structures – très design – de planches ou de rampes, évoluant sur la façade, zigzagant d’un petit balcon capitonné à un autre, lesquels accrochés sous une fenêtre, donnent le rythme. L’élégante rampe suit une ligne régulière, que seul le félin sera capable d’emprunter, le faisant monter jusqu’aux étages supérieurs.

Berne
Capitale de l’arbre à chat urbain

Ce bâtiment illustre avec panache la double nature de son habitat.

Ce réseau n’est pas une fantaisie décorative ; c’est le chemin dédié aux félins bernois. La capitale fédérale concentre plusieurs centaines de ces échelles à chat – passerelles, rampes ou escaliers miniatures – au point d’être qualifiée par la presse locale de « capitale mondiale des cat ladders ».

echelles pour chat maison berne suisse

Au-delà de Berne, cette prolifération est un phénomène typiquement suisse : « Nulle part ailleurs elles ne sont aussi nombreuses ni aussi discrètes dans le tissu urbain », souligne swissinfo.ch en 2025. Pour National Geographic, cette « architecture spécifique aux chats » fait même de la Suisse « le meilleur endroit au monde pour un chat domestique ».

berne meilleure ville pour chat domestique

Les échelles répondent d’abord à un impératif pratique : offrir aux animaux un accès autonome à l’extérieur depuis des appartements perchés sans dépendre de leurs humains, garantissant ainsi « une liberté de mouvement sans compromis sur la sécurité ».

Prêtez attention à cette scène, ne payant pas spécialement de mine. Elle révèle un milieu urbain optimisé pour chat. Un parcours balisé avec soin pour aider l’animal à se frayer un chemin jusqu’à son domicile en toute sécurité : les billots de bois forment le premier tremplin et permettent d’accéder à un premier niveau. Les boîtes aux lettres servent de base à une rampe terminant sa course, sur le cadre supérieur de la porte d’entrée du bâtiment. Là, le félin sautera à peine pour se glisser à travers les barreaux d’une fenêtre, où l’attend une chatière, ultime étape de son ascension.

Mais au-delà de la fonction, ces micro-constructions racontent autre chose : l’ingéniosité des habitants, le slow living d’un pays valorisant le temps long et surtout, le respect animal inscrit dans la culture. À travers elle, la ville de Berne esquisse les contours d’un urbanisme où la cohabitation homme–animal constitue un fait banal, offrant néanmoins au quotidien une qualité de vie exemplaire.


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Qui suis-je ?

Depuis que j’ai un chat, je m’intéresse à son comportement et aux notions de territoire félin. Avec le site, j’ai pu développer au fil des années une expertise qui s’enrichit régulièrement.

En savoir plus.


2. Respect et cohabitation

Nulle part au monde, ces échelles, ces escaliers, ces arbres à chat sont aussi nombreux à s’intégrer discrètement dans un milieu urbain, sous des formes si variées

– Culture du respect animal : la Suisse compte 1,6 million de chats, et la liberté de mouvement fait partie des valeurs helvétiques

– Morphologie bâtie : façades étroites, balcons superposés, ruelles calmes offrent des points d’ancrage idéaux

– Génie domestique : depuis les années 1970, les habitants bricolent rampes et passerelles pour éviter de garder à l’intérieur des chats qui ont l’habitude de sortir

Le phénomène a été popularisé par la photographe-auteure Brigitte Schuster.

Celle-ci a documenté plus de 100 échelles dans Arcatecture – Swiss Cat Ladders , révélant une architecture spécifique aux chats que National Geographic qualifie de preuve que « la Suisse est peut-être le meilleur endroit au monde pour un chat domestique ». Le livre n’est malheureusement plus disponible au moment de la publication de l’article, car sa diffusion a été interrompue.

Dans la préface de l’ouvrage Arcatecture – Swiss Cat Ladders de Brigitte Schuster, le Dr. Dennis C. Turner apporte un éclairage scientifique et éthique sur l’importance des échelles à chat comme dispositifs favorisant le bien-être félin. Voici les points clés de son propos :

Un livre unique et nécessaire

Dans sa préface, Turner1 salue le travail de Schuster, qu’il qualifie de rare et précieux : le sujet des aménagements pour chats est peu exploré, surtout du point de vue architectural et sociologique. Ses photographies offrent selon lui une fenêtre sur des relations harmonieuses entre humains et chats à Berne.

livre Arcatecture

1 Dr. sc. Dennis C. Turner
Directeur de l’Institut d’éthologie appliquée et de psychologie animale (I.E.A.P.), Suisse

L’importance capitale de l’accès à l’extérieur

Fort de ses nombreuses années de recherche, Turner insiste sur un point fondamental :

Un chat ayant connu l’extérieur ne devrait jamais être ensuite confiné à l’intérieur.

Il affirme que priver un chat habitué à l’extérieur de cette liberté peut provoquer des troubles comportementaux, nuisant gravement à la relation humain-animal. Il admet que les chats peuvent vivre en intérieur, mais à deux conditions strictes :

– qu’ils n’aient jamais connu l’extérieur (même en tant que chaton) ;

– que leur environnement soit suffisamment riche pour couvrir tous leurs besoins biologiques et psychologiques.

Cat ladders : solution pragmatique et respectueuse

Dans les immeubles, où les escaliers pour humains ne sont pas toujours pratiques, Turner recommande l’installation de cat ladders combinées à une chatière, permettant aux chats de gérer eux-mêmes leurs allées et venues. Il regrette que certains propriétaires immobiliers refusent ces dispositifs pour des raisons esthétiques, alors qu’ils sont justement, comme le montre Schuster, discrets et même comme nous l’avons vu plus haut, parfois beaux.

cat ladder combine chatiere

En haut de l’échelle, la chatière positionnée à la base de la fenêtre

éthique

Pour Turner, permettre aux chats d’exprimer leurs comportements naturels — notamment par un accès libre à l’extérieur — est une marque de civilisation et un signe de respect envers les animaux.

ethologie design urbanisme

Il voit dans ces échelles suisses un engagement concret pour le bien-être animal, à la croisée de l’éthologie, du design et de l’urbanisme.

La préface plaide pour une architecture du quotidien plus attentive aux besoins comportementaux des chats, et reconnaît les échelles à chat comme un exemple pionnier d’aménagement “animal-inclusive”.


3. Palette architecturale : 14 typologies emblématiques

Ces typologies – issues du livre de l’auteur – démontrent une démarche singulière. Celle d’une esthétique apparemment involontaire. L’aménagement de ces arbres à chat a d’abord consisté à réaliser quelque chose de fonctionnel.

ModèleDescription concise
Échelle droite simpleÉchelle verticale à barreaux, fixée directement à la façade.
Rampe inclinée basiquePlanche en pente douce, parfois striée, idéale pour chats âgés.
Rampe en zigzagStructure perpendiculaire au mur, permet de monter en hauteur sans grande emprise verticale.
Échelle classique recycléeVieille échelle domestique fixée telle quelle, version artisanale et économique.
Cadre à marches inséréesCadre rigide dans lequel sont encastrées de larges marches plates.
Escalier à marches en éventailMarches disposées en demi-cercle, souvent sous une fenêtre ou un balcon.
Escalier hélicoïdal en boisEscalier tournant autour d’un poteau central, tout en bois.
Escalier spiralé mixte bois-métalStructure métallique avec marches en bois vissées.
Demi-spirale à paliersEscalier tournant avec pauses intermédiaires en forme de paliers.
Spirale autour de tuyau de descenteMarches fixées autour d’un tuyau de gouttière existant.
Escalier spiralé tubulaireSpirale construite sur un tube central en métal.
Échelle à planchettes en quinconcePlanches horizontales fixées en alternance sur la façade.
Échelle pliante amovibleÉchelle mobile que l’on peut déplier et ranger facilement, pratique pour les locataires.
Échelle naturelle (tronc, branche ou lierre)Élément végétal détourné pour permettre l’ascension du chat de façon organique.

Cette liste de 14 typologies d’échelles à chat inspire une lecture plurielle, à la fois urbaine, esthétique, éthique. Presque poétique. Elle révèle que derrière un simple dispositif fonctionnel se cache une véritable culture du design animalier intégré à l’architecture domestique.

typologie cat ladder 2
typologie cat ladder 1

Ce sont des formes que l’on retrouve dans l’architecture humaine, mais traduites ici à l’échelle féline. « Cat-architecture » conçue non par des architectes, mais par des artisans locaux, voire les habitants eux-mêmes.

Cependant, le locataire doit obtenir l’aval du bailleur et veiller à ce que l’échelle soit sécurisée et discrète. Cette dernière notion demeurant flexible. On peut donc éventuellement faire face à une structure relativement design sur un bâtiment.

plateformes urbaines batiment design

Crédits Design Milk

Dans les immeubles classés, un permis supplémentaire peut être requis. De plus, la crainte de voir d’autres chats emprunter la structure conduit parfois à installer des chatières à puce électronique.

Les Formes rencontrées font figure de diversité. Une empreinte contribuant à donner à la localité une certaine couleur, une identité forte.

plateformes echelle batiment

Crédits Axelle Vertommen

Plateformes, escalier, rampe ou colimaçon, constituent autant de moyens d’ascension et de descente pour le chat apprivoisé en quête de promenades au coeur de son quartier.

Escalier spiralé tubulaire : structure en spirale verticale, marches triangulaires en bois fixées sur un tube métallique

arbre a chat urbain escalier spirale tubulaire
arbre a chat urbain echelle planchettes quinconce

Échelle à planchettes en quinconce : ensemble suspendu en métal noir avec marches en zigzag ajourées, suspendue par câbles. Le quinconce est un terme d’architecture, de design (ou même de jardinage) qui désigne une disposition alternée et décalée de formes identiques, généralement en zigzag ou en diagonale croisée, au lieu d’un alignement strict.

Spirale autour de la gouttière : rampe spirale en bois fixée autour d’un tuyau de descente pluvial.

arbre a chat urbain spirale gouttiere descente
arbre a chat urbain escalier base naturelle

Échelle naturelle : suspension colorée avec marches géométriques en zigzag fixées sur un tronc d’arbre. Le tronc sert de structure porteuse, adossée à une façade.

Cadre à marches insérées : modèle en bois avec marches alternées à 45°, utilisée par plusieurs chats en simultané.

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